2018-08-07

Québec, ville noire : le repérage de lieux comme source d’inspiration maléfique


Un auteur est toujours à la recherche de lieux inspirants pour y camper l’intrigue d’une future fiction. Quelqu’un m’avait parlé du sous-sol d’un restaurant qui absorbait à l’occasion le surplus de la clientèle du rez-de-chaussée en quête de places supplémentaires. Il m’avait décrit l’atmosphère glauque qui s’en dégageait.

Mon informateur m’avait averti : le décor est digne d’un fond de cale d’un vieux rafiot. Pour y accéder, on doit emprunter un escalier fadasse en évitant de s’appuyer sur la main courante au risque de voir son repas contaminé par avec des bactéries intestinales infectieuses provenant des toilettes unisexes et malodorantes qui s’ouvrent à deux pas des dernières marches. À gauche, une minuscule salle aveugle au plafond bas. Les panneaux métalliques cadenassés, en acier dépoli gris terne, qui font office de murs semblent limiter l’accès à des zones réservées à des usages qu’on pourrait imaginer inavouables. Dans cet espace contigu s’alignent, sous un éclairage blafard, des banquettes et des chaises aux dossiers métalliques rivetées entre lesquelles sont fixées au sol quelques tables maculées, couleur de sang coagulé.

Je m’y suis rendu. Il avait raison. L’endroit est définitivement une source d’inspiration romanesque permettant de donner libre cours à un imaginaire sordide, noir et tordu. Ce jour-là, pour en ajouter sur la sordidité de l’endroit, un client a perdu pied en descendant l’escalier : le contenu de son cabaret a giclé et dégouliné de marche en marche, contribuant à la viscosité du sol. Dans l’entrefaite, une porte dissimulée dans le mur de droite s’est ouverte brusquement…

J’ai tout ce qu’il faut de visuel pour compléter une fiche descriptive des lieux et amorcer le scénario d’un roman noir en réserve. 

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