Un auteur est toujours à la recherche de lieux
inspirants pour y camper l’intrigue d’une future fiction. Quelqu’un m’avait
parlé du sous-sol d’un restaurant qui absorbait à l’occasion le surplus de la
clientèle du rez-de-chaussée en quête de places supplémentaires. Il m’avait
décrit l’atmosphère glauque qui s’en dégageait.
Mon informateur m’avait averti : le décor est digne
d’un fond de cale d’un vieux rafiot. Pour y accéder, on doit emprunter un
escalier fadasse en évitant de s’appuyer sur la main courante au risque de voir
son repas contaminé par avec des bactéries intestinales infectieuses provenant
des toilettes unisexes et malodorantes qui s’ouvrent à deux pas des dernières
marches. À gauche, une minuscule salle aveugle au plafond bas. Les panneaux
métalliques cadenassés, en acier dépoli gris terne, qui font office de murs semblent
limiter l’accès à des zones réservées à des usages qu’on pourrait imaginer inavouables.
Dans cet espace contigu s’alignent, sous un éclairage blafard, des banquettes
et des chaises aux dossiers métalliques rivetées entre lesquelles sont fixées
au sol quelques tables maculées, couleur de sang coagulé.
Je m’y suis rendu. Il avait raison. L’endroit est
définitivement une source d’inspiration romanesque permettant de donner libre
cours à un imaginaire sordide, noir et tordu. Ce jour-là, pour en ajouter sur
la sordidité de l’endroit, un client a perdu pied en descendant l’escalier : le
contenu de son cabaret a giclé et dégouliné de marche en marche, contribuant à
la viscosité du sol. Dans l’entrefaite, une porte dissimulée dans le mur de
droite s’est ouverte brusquement…
J’ai tout ce qu’il faut de visuel pour compléter une
fiche descriptive des lieux et amorcer le scénario d’un roman noir en réserve.
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