Lors des présentations
publiques de mon roman, j’ai pris l’habitude de lire un extrait du prologue
intitulé « Québec sous zéro » :
« La déflagration fut tout aussi puissante
qu’inattendue. L’homme venait à peine de repousser la porte de verre du sas,
givrée en raison de l’écart entre la température extérieure et intérieure. Le
souffle de l’engin destructeur projeta sur lui une lourde masse de neige
moelleuse semblant venir de nulle part. Le poids de l’agrégat, supérieur au
sien et parsemé d’un alignement de cailloux noirs segmenté par une empreinte de
pneus, le renversa sur les carreaux maculés de slush grisâtre. Comme si un
lutteur de sumo, arborant un large sourire et coiffé d’un couvre-chef de jais,
avait décidé, sans raison apparente, de lui sauter au cou.
Ses lunettes embuées dans un
espace-temps aussi bref auraient dû, dans un contexte moins dramatique, lui
rappeler le souvenir impérissable d’une certaine Ginette et d’un général
triomphant. Elles s’engouffrèrent elles aussi dans le corridor des centaines de
milliers de pépites de verre excrétées du lieu, telle une colonne horizontale
de grêle.
Le sol, tout comme sa boîte
crânienne, n’étaient pas conçus pour amortir un tel choc. À l’instant où
l’arrière de sa tête frappait violemment les carreaux, l’image d’un visage
joufflu à la voix caverneuse et la perception d’effluves à la fois sucrés et
salés se figèrent dans sa mémoire.
– Ça va monsieur ? Je suis vraiment
désol...
Il entendit à peine les derniers mots
prononcés dans ce capharnaüm d’où s’échappaient les cris de détresse des
personnes présentes dont la sustentation matinale, agrémentée d’une toune
saluant l’arrivée d’un certain Massicotte avait été brutalement interrompue.
Une substance opaque emprisonna son cerveau. Ses acouphènes, qui auraient dû
être à leur paroxysme, compte tenu des événements, s’estompèrent peu à peu. Un
black-out total, mais aucun tunnel de lumière en vue. Il y avait de l’espoir
malgré tout.
Aux alentours de 9 h 15,… ».
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