2020-12-14

« J’ai tué mon auteur » : commentaires d’un lecteur de Québec

  

« … je suis en profond désaccord avec la thèse du livre.

Je ne remets évidemment pas en question les constats qui proviennent d'un vécu et de la réalité (Michel en connaît un chapitre de plus que moi sur la question), mais je suis très mal à l'aise avec ses solutions. Pour moi, les éditeurs sont nécessaires... même si la machine gagnerait à être améliorée. Ce n'est pas parce que certains éditeurs font mal leur travail que tous les éditeurs font de même.

Quant à l'autoédition, tous les écrivains n'affichent pas comme Michel des qualités et des compétences d'entrepreneuriat. Les éditeurs, c'est comme les concours pour atteindre des postes plus élevés, un tamis pas toujours perspicace ni efficace... sans autre alternative comparable.

Je conviens que les écrivains sont souvent exploités, ne gardant qu'une mince part du gâteau. J'ai aussi le sentiment que l'écriture est un métier comme un autre où on doit débuter au bas de l'échelle pour gravir les échelons, développer ses compétences, réseauter et finalement augmenter son pouvoir de négociation. Comme un jeune avocat qui doit passer des années à faire des recherches pour un salaire moindre que le laveur de planchers dans les hôpitaux, avant de plaider de grandes causes.

Ce qui me dérange le plus dans le livre, c'est le ton victimaire et complotiste, très dans l'air du temps. Malheureusement, je crois toujours aux institutions, toutes brinquebalantes soient-elles. Je crains par-dessus tout le capitalisme sauvage des Uber de ce monde.

Où je rejoins Michel, c'est dans le culte de la célébrité qui devient un gage de qualité, et l'apport des libraires (ainsi que des journalistes et chroniqueurs) pour partager leurs coups de cœur.

En langage cinématographique hollywoodien, J'ai tué mon AUTEUR est un high concept (où on peut résumer l'histoire en une phrase pour titiller le lecteur ou le spectateur). Contrairement à bien des "blockbusters", Michel ne se contente pas de sa bonne idée, mais la fait évoluer vers une mise en abîme vertigineuse. Malheureusement, c'est la portion acrimonieuse et revancharde qui reste en tête après la lecture. »

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